Les Randos de Fred & Paul

GR 57 : Houffalize → Liherin (19 km) - juin 2023

Info : pour effectuer cette étape, nous avons pris le bus TEC 163d entre Liherin (Château) et Gouvy (Eglise), puis le TEC 163c entre Gouvy (Eglise) et Houffalize (Spar).

Peu avant 8 h, nous arrivons au centre d’Houffalize pour entamer cette étape. La journée s’annonce estivale avec un soleil omniprésent et une température variant entre 25 et 30°. Nous empruntons l’avenue de la Gare et passons à côté du monument à la mémoire d’Henri Sebald : le premier soldat français tombé au combat en Belgique, le 7 août 1914. Après l’ancienne gare, nous suivons la rue Moulin Lemaire et passons près des vestiges de ce moulin.

Autrefois, le moulin Lemaire comportait une scierie, un moulin à écorces et un moulin à farine. Aujourd’hui, seuls le bief et la roue sont encore visibles. Le moulin à tan, ou à écorces, permettait de broyer l’écorce de chêne et de la réduire en fragments dont on extrayait le tanin par trempage. Celui-ci était utilisé dans les tanneries pour la transformation des peaux d’animaux en cuir. En 1889, on recensait dix tanneries à Houffalize ; les dernières se sont arrêtées après la Seconde Guerre mondiale.

GR 57 : Houffalize, moulin Lemaire

Nous longeons l'Ourthe devant un imposant complexe hôtelier et grimpons ensuite dans le bois, sur un étroit sentier. Un peu plus haut, nous rejoignons le RAVeL que nous suivons brièvement. Ce dernier se trouve sur l’ancienne ligne de tram de la Société nationale des chemins de fer vicinaux (SNCV) qui reliait Bourcy à Houffalize ; mise en service en juillet 1889, elle a été supprimée en 1959. Le tracé blanc et rouge redescend vers l’Ourthe et traverse, avant d'atteindre celle-ci, le ruisseau de Cowan.

GR 57 entre Houffalize et Cetturu

Nous abordons ensuite une montée (de 351 à 437 mètres d’altitude) d'environ deux kilomètres. Cette ascension s’effectue d’abord à travers la forêt, puis entre des prés. Au lieu-dit « Tomblaine », nous prenons un chemin bétonné suivi, en lisière de forêt, sur 400 mètres. Nous descendons, au milieu des bois, vers le ruisseau de Tavigny que nous franchissons sur une passerelle en bois. Passés sur l’autre rive, nous grimpons vers Cetturu et laissons partir, peu avant le village, la variante (raccourci) menant en 3,5 km à Liherin ; où nous finirons l’étape.

GR 57 entre Houffalize et Cetturu GR 57 entre Houffalize et Cetturu

À l’entrée de Cetturu, nous traversons la N838 et suivons une petite route s’en allant entre les prés. Le tracé blanc et rouge franchit un petit cours d’eau et monte (de 418 à 482 m d’altitude), en ligne droite, sur un chemin caillouteux en direction d’une forêt. Nous évoluons brièvement dans celle-ci et descendons ensuite un chemin rocailleux (de 505 à 448 m d’altitude), au milieu des prairies, en direction de la ferme de Bernistap.

GR 57 entre Cetturu et Buret GR 57 entre Cetturu et Buret

Au milieu des années 1820, afin d’accroitre le commerce et le transport fluvial, mais aussi pour désenclaver industriellement l’Ardenne, Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, entreprend de grands travaux de modernisation de son pays. Il donne son accord pour la mise en chantier d’un canal qui reliera les bassins de la Meuse et de la Moselle. Depuis Liège (60 m d’altitude), ce canal doit remonter l’Ourthe, à l’aide de nombreuses écluses, pour rejoindre Houffalize. À partir de là, il suit un petit affluent de l’Ourthe pour passer Cetturu, Tavigny et Buret, puis finalement la ligne de partage des eaux de la Meuse et du Rhin située à 500 m d’altitude.

Un canal doit être creusé à Hoffelt via Asselbron, Clervaux et Kautenbach. Le lit de la Sûre et de la Wiltz doit aussi être creusé jusqu’à l’embouchure de la Moselle à Wasserbillig (à 130 m d’altitude). Pour ce projet incroyable, dont le but est de faire passer des petits bateaux : des Bètchètes à fond plat, de 2,5 m de large pour 10 à 15 mètres de long, il faudra construire 218 écluses sur 261 km de voies fluviales.

Les travaux sont divisés en trois tronçons : Liège - Houffalize, Houffalize - Kautenbach et Kautenbach - Wasserbilig. Le second tronçon étant le plus difficile, car il faut passer la crête, on imagine alors une solution. Du côté de Buret, on creusera un canal de 1 350 m de long, puis un souterrain (on ne parlait pas encore de tunnel à l’époque) de 2 528 m, en ligne droite, sous l’actuelle frontière belgo-luxembourgeoise et enfin un canal de 1 481 m vers Hoffelt.

Côté belge, les travaux commencent en 1828. Environ 400 ouvriers creusent à la main avec pioche, masse et poudre noire. Arrachés à la colline, les déblais sont remontés par des femmes portant des paniers en osier sur leurs dos. Lorsqu’on progresse aujourd’hui le long du canal, on chemine sur un sentier surélevé constitué de tout le schiste extrait de la tranchée. En janvier 1829, le percement du souterrain débute près de Buret. On travaille jour et nuit, mais le chantier n’avance que d’un mètre par jour. Afin d’aller plus vite, cinq puits d'extraction sont creusés dans le plafond du souterrain, la galerie est voûtée au fur et à mesure que les travaux progressent.

GR 57 : canal de Bernistap GR 57 : canal de Bernistap GR 57 : canal de Bernistap

Les travaux sont interrompus en 1830, la partie méridionale des Pays-Bas devenant indépendante (la Belgique) et l'ancien duché de Luxembourg étant encore indécis quant au choix politique à faire. Le projet est abandonné en 1839 quand le Grand-Duché devient indépendant à la suite du traité des XXIV articles. Il reste de tout cela, le tracé d’un canal et d’un souterrain, plus communément appelé le tunnel de Bernistap. Celui-ci mesure 1 130 m de long ; un éboulement s’est depuis produit à trois ou quatre cents mètres de l’embouchure.

GR 57 : tunnel de Bernistap GR 57 : tunnel de Bernistap

Après ce parcours bien agréable dans ce qui est aujourd’hui un site classé au patrimoine exceptionnel de Wallonie et une réserve naturelle, nous passons par-dessus l’entrée du tunnel et atteignons, 500 mètres plus loin, Buret. À la sortie du village, nous montons un chemin caillouteux suivi d’un chemin herbeux.

GR 57 entre Buret et Liherin

Le GR 57 franchit l’ancienne ligne de chemin de fer (Libramont - Gouvy), également appelée ligne des crêtes ; celle-ci suit en partie la limite de séparation des eaux entre les bassins de la Meuse et du Rhin. Nous trouvons, au bord de ce RAVeL, un banc où effectuer une pause.

Peu après le RAVeL, nous tournons à gauche sur un chemin caillouteux évoluant sur la frontière belgo-luxembourgeoise. Nous traversons une route et continuons, sur l’asphalte, pendant environ un kilomètre, avant de revenir réellement sur le territoire belge. Nous passons ensuite sous l’ancienne ligne ferroviaire que nous longeons sur 600 mètres.

GR 57 entre Buret et Liherin GR 57 entre Buret et Liherin

Les trois derniers kilomètres de l’étape se déroulent sur des chemins de terre, ou caillouteux, au milieu des bois. C’est au bord de la N838, près du château de Liherin, là où la variante du GR 57 nous rejoint, que nous terminons la randonnée ; cette variante était jadis le tracé « officiel ».

GR 57 entre Buret et Liherin GR 57 entre Buret et Liherin GR 57 entre Buret et Liherin

Plan du parcours

➔ Jonction avec d'autres GR

  • Le GR 15 : Sentiers de l'Ardenne permet de relier, en 230 km, Arlon à Monschau (Allemagne). Ce sentier de grande randonnée passe notamment par Martelange, Bastogne, Houffalize, Aywaille, Spa et Eupen.